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L'univers de Sébastien Bonmarchand !

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L'adolescence est un vilain défaut

Publié par Sébastien Bonmarchand sur 17 Avril 2022, 08:40am

Catégories : #Poésie

Un coin de table, Henri Fantin-Latour, 1872

Un coin de table, Henri Fantin-Latour, 1872

Poème écrit le 15 mars 2022, au retour de Charleville-Mézière et du musée Arthur Rimbaud :

 

L'ADOLESCENCE EST UN VILAIN DÉFAUT

 

Le Monde dans son long pyjama
S’est levé cette après-midi
En étirant comme un élastique ses bras
Le long d’une tête aux tempes jaunies.

 

Il a bâillé, Le Monde, comme bâille l’animal
Dans sa caverne avant d’ouvrir le bal
Où ses proies annoncées dansent
Sans se savoir en surbrillance.

 

Il a fait un pas, Le Monde, et on aurait dit
Sous sa capuche pleine de rêves
Un tigre aux dents de sabre ou de rubis.
Et il s’est avancé comme à la guerre un glaive.

 

Il n’était plus l’enfant de cette enfance bleue
Qu’on borde d’un baiser qui embrasse la nuit.
Lui, c’est l’adolescent aux souliers malheureux
Quittant ses rêves lourds comme on quitte un ami :

 

Lourds des soupirs de qui traverse tout sans joie.

 

Puis Le Monde en grognant a rejoint ses semblables
Qui étaient pleins d’allant et vaquaient sous son toit.
Sans un mot, il ouvre un œil et s’assoit à table.

 

Le Père en son costume aux coutures blanchies
Lève au ciel un œil et abat au sol un poing.
Et la Mère accablée en hoquets pousse un cri.
Mais l’adolescent Monde obtient un nouveau pain.

 

« Mais quand penseras-tu, indigne, à ton futur ?
Fit plein d’agacement un père plein d’oublis.
Tu jettes sans vergogne aux pires des pâtures
Notre labeur sans fin en te levant ainsi !

 

L’horloge que tu vois et qui rit de tes crimes
Coûte tant de travail que s’égoutte mon sang
Quand, le jour se couchant, je rentre titubant
Pour poser mon œil lourd sur ton air qui m’indigne.

 

Tu repousses la corde aux dix mille fléaux
Que te tendent mes bras engourdis de fatigue
Pour monter à l’échelle aux cent mille barreaux
Que Mère Oisiveté t’offre dans la garrigue.

 

Je ne sais si un jour tu comprendras mes mots,
Mais j’espère qu’en toi ils charmeront tes maux. »
Ainsi parla le Père et écouta le Fils.
« Reste-t-il de la confiture de cerise ?

 

Mon ventre ce midi, même s’il est bien tard
Pour qui se lève tôt, réclame ce nectar
Que Maman l’autre nuit sans un mot a produit.
Il nous faut respecter celle qui nous unit.

 

Et moi, en déjeunant, je n’aimerais entendre
Que le souffle de l’arbre à qui sa main si tendre,
En cet après-midi où tu jouissais loin d’elle,
A dérobé sans fard ses secrètes nacelles. »

 

Le Père alors assis tomba et Maman rit
Du rire de celle qui voit les soubresauts
D’un homme ne pouvant se contenter d’un lit.
Pour lui, l’adolescence est un vilain défaut
.

 

 

Merci pour vos commentaires et vos partages !

 

 

"Adolescence" de Salvador Dali (1941)

"Adolescence" de Salvador Dali (1941)

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