Devant "Bleu du ciel" de Kandinsky

"Bleu du ciel", tableau de Vassili Kandinsky, 1940, Centre Pompidou, Metz.

Aux mamelles des chimères

Tombe tombe tombe créature incrédule,

Viens de ces rivages que mon rêve schédule.

Tombe tombe tombe comme ces pommes mûres

Qui au cœur du verger palétisent et durent.

Tombe tombe évadé de l'azur, désaltère

Mon œil à tes seins clairs, mamelles de chimères,

Tombe sur mes regards comme on tombe au combat,

La main sur la poitrine et l’œil qui fuit d'en bas.

Prends avec toi ce ver au corps si allongé,

Lui qui se croit loup vénitien et que tu sais

Menottes des aimés. Prends aussi cette pieuvre

Dont la couleur fait de la nuit jour à toute heure.

Ce triste dinosaure au dos tout transparent,

Offre lui quelques dents pour qu'il puisse en tombant

Parler à l'éléphant, son voisin sans cornac

Et sans explorateur, qui cherche en vain un lac.

Toi clown multicolore en grande discussion

Sous tes airs bavarois avec un vieux fauchon

Tordu, as-tu, fesses tendues fui ton navire

Qui tout là-haut patiente en cousant sur sa lyre ?

Ne crains-tu pas qu'il vole au-dessus des courants,

Seul, comme on vole un cœur aux cartes des amants ?

Qu'il absorbe ce bleu du ciel et t'abandonne

Aux sirènes taries que ta passade sonne ?