Je viens de finir de lire le dernier Van Cauwelaeart, cet auteur (français) qui m'avait fortement séduit il y a quelques années avec un roman intitulé "L'Education d'une fée" et destabilisé avec "L'Evangile de Jimmy", à lire impérativement.
Cette fois, c'est au travers de son roman intitulé "La Nuit dernière au XVème siècle", où il raconte, à la première personne, comment un agent du Trésor de Châteauroux, en 2008, voit son âme réquisitionnée par celles d'un chevalier et de sa belle, morts il y a 6 siècles et qui demandent, grosso modo, par le truchement de châtelains assez space, à ce que leur histoire passe de tragique à romantique. Bon, l'écriture est sympa, l'histoire aussi malgré quelques longueurs et quelques pistes ébauchées et non exploitées (comme ce descendant du chevalier qui est en prison et que j'aurais bien vu mêler à l'histoire de son aïeul, mais bon).
Mais ça ne restera pas, non plus, dans les anales, n'exagérons rien.
Non, si ce roman a suscité chez moi l'envie d'écrire ce billet c'est pour souligner la première et la dernière phrase du roman.
La première phrase :
« J’ai rencontré Corinne dans une laverie, un soir d’été ; elle était ma voisine de hublot. »
La dernière phrase :
« Le seul moyen de ne plus rater ma vie, c'est d'en réussir deux. »
La première phrase est jolie, naturellement, mais surtout, je trouve, symbolique du roman à venir si l'on se fie à la quatrième de couv (à supposer que Corrine soit la damoiselle du XVème siècle et que des éléments matériels actuels comme la laverie aient également traversé le temps) :
Présentation de l'éditeur
Comment vivre une histoire d'amour avec une jeune femme du XVe siècle, quand on est contrôleur des impôts à Châteauroux en 2008 ? C'est tout le problème de Jean-Luc Talbot, qui était un homme normal, rangé et rationnel... Jusqu'à la nuit dernière, où tout a basculé. Est-il rattrapé par une passion vécue au Moyen Age, ou victime du complot diabolique d'un contribuable ? Ballotté de manipulations dangereuses en bonheurs fous, il se demande s'il est en train de perdre la raison, ou de trouver un sens à son existence. Si la réincarnation existe, quel est son but ? Faut-il revenir sur les pas d'un autre, pour découvrir enfin qui l'on est ? Peut-on modifier le passé ? Peut-on réussir deux vies à la fois ? Renouant avec ses thèmes majeurs, Didier van Cauwelaert nous entraîne dans un roman hallucinant où, à travers la drôlerie irrésistible des situations, la gravité de l'enjeu et le pouvoir des rêves, il suggère des réponses vertigineuses aux questions qui nous hantent.
En lisant, on comprend naturellement que cette Corrine est la femme d'aujourd'hui et que notre horizon d'attentes, habilement, est battu en brèche.
Reste le symbole, fort et beau, de cette vie que l'on voit d'entrée à travers un hublot, avec les déformations que cela implique, les risques éventuellement que l'on rencontrerait en allant de l'autre coté... Bref, le début m'a immédiatement séduit.
Les premiers chapitres, avec l'étrange qui devient de plus en plus présent, m'ont vraiment enthousiasmé.
La seconde partie m'a un peu ennuyé, ça n'allait pas assez vite, ça manquait, à mon sens, d'inventivité, "ça n'osait pas assez". Assez convenu, au final, surtout le personnage du psy viré de Paris qui est débarqué dans le Berri et qui devient spécialiste ès événements paranormaux.
Le final m'a plu, notamment la scène du duel final entre les deux identités, symbolique mais quelque peu inutile à ce moment-là du roman (comme une scène oubliée en cours de route que l'auteur aurait balancée dans les dernières pages), mais ce que j'ai vraiment aimé c'est bien cette dernière phrase qui, en moi, a sonné comme un réel élan d'optimisme.
J'en ferais presque une devise : « Le seul moyen de ne plus rater ma vie, c'est d'en réussir deux. »
Ne pas rater ma vie d'homme, de mari, de père et de travailleur et réussir ma vie d'écrivain. Deux vies en parralèle, qui se recouperaient, se rejoindraient, dans des moments que j'aimerais ne pas etre que de crise, et qui, finalement, se confondraient et ne m'invitraient plus à choisir sans cesse une seule d'entre elles.
Oui, définitivement, cette phrase, s'il est vrai qu'un roman peut apporter des choses fondamentales à celui qui daigne le lire, m'a beaucoup apporté.
Allez bonne nuit les loulous, j'entends mon lit qui hurle desespérément mon prénom. Séb ! Séb ! C'est bon, j'arrive !