Aux victimes et sinistrés,
La Terre est un bocal qu'une main anonyme
A refermé un jour sur un tréteau pourri.
Nous - toi, moi, lui et eux - indistinctes vermines
Agressons notre enclos de nos suprématies.
Chaque regard porté vers le ciel, aveuglant
Et vaste comme un puits où jeter la bêtise
Humaine aux mille dents, rappelle aux survivants
Les crocs assourdissants de mers jamais conquises.
Il suffit pour cela que le tréteau pourri
Ou le bocal perdu refuse d'accepter
Les rêves agités et les coups répétés
Sur leurs belles parois de cancers insoumis.
La structure alors tremble et ce sont des millions
De bactéries en pleurs qui traquent les sommets
D'un organe englouti qu'on appelait nation.
Nous, poussières, subissons las ce noir ballet.
Un jour, on le sait bien, à force de tanguer
Le bocal tombera, ou la main anonyme
Renversera sa cave et noiera dans l'évier
Ce liquide noirâtre aux insoupçonnés prismes.
Draguignan et B.P., et tant d'autres encore
De l'Asie du Sud-Est à Xynthia tuméfiée,
Sont les ambassadeurs d'un monde qui s'ignore
Tel qu'il est : un néant suspendu par un pied.