Chemin d'hiver
Comme, en été, un pneu sur l'asphalte fondu,
Crisse sous mon pied l'eau gelée, où les étoiles
Dessinent leurs projets d'arabesques pointues :
Immobile vague blanche où jadis mes voiles
Et leur cortège d'or faisaient briller les pollens
Et nos amours naissants. Aujourd'hui endormi
Sous ces plaques d'airain, le soleil ô migraine
Chatouille mes orteils de flocons nostalgie.
Au loin la ville obscure alimente mes yeux
Des flonflons lumineux aux balcons bedonnants.
Le tic-tac sous ma tempe apparaît plus précieux,
Lui qui sur ce chemin me réchauffe en chantant.
Chemin d'été
Comme, au bord de la mer, par les soirées d'été,
Lorsque rougit au loin un navire endormi,
Un vent froid, tiède ou chaud balaie ma peau de blé
Dans un sillon d'amour que la Lune applaudit ;
Ainsi ton souffle aimant, ô ma tendre marquise,
Sur mon corps étourdi, promène ses douceurs
Et, d'îlots en îlots, mes espoirs éternise.
Tout sur l'eau ou la ville soufflète mes aigreurs.