Voici une tirade extraite de la pièce que je suis en train d'écrire.
Il ne s'agira pas d'une pièce en vers, mais d'une situation de théâtre dans le théâtre.
La pièce mise en abyme et écrite en vers repose sur le mythe d'Orphée et d'Eurydice. Je vais suivre la troupe dans ses répétitions et ferai intervenir les vrais dieux de l'Olympe qui resteront incognito. Dans cette scène 3, Orphée chante son malheur et le public qui ne connaitrait pas le mythe est ainsi informé.
Qu'en pensez-vous ?
ORPHEE
Et toi, fleur au cœur pur, connais-tu Eurydice ?
Tes pétales auburn ont-ils vu son supplice ?
Tes oreilles dorées étaient-elles ouvertes
Quand l'épouse d'Orphée aux Enfers fut offerte ?
Tout juste à moi mariée, elle marchait rieuse
Au cœur des bois, témoins de nos fièvres heureuses,
Quand soudain ce serpent de sous son orme noir
Jaillit et se jeta sur l'Amour sans la voir.
Eurydice blêmit comme un astre surpris
Par un soleil dans sa course vers l'infini.
Ma prunelle mouillée baisa la sienne morte
Quand son regard partit vers le monde sans porte.
Mon sang alors freina sa course mystérieuse
Pour aller s'échouer sur les rives boueuses
Du fleuve des Enfers, le redoutable Styx,
Que ma lyre asservit de sons et non de rixes.
La belle Perséphone écouta mes soupirs
Et son cœur attendri supplia sans frémir
La couronne de son mari, le roi Hadès,
D'embrasser mes désirs en rendant Eurydice.
L'invisible maitre des Enfers torturés
Tendit vers moi son sceptre et son amer marché :
– Tu ne dois, me dit-il, jamais te retourner
Avant que le soleil ne vous ait enlacés.
Mais, touchant presque au jour, ta main a fui la mienne
Et mon âme a cédé aux cruelles sirènes
Que le dieu des Enfers avaient placées en moi.
Dépossédé de toi, j'échouai face aux lois.
Oui, ma tendre Eurydice aux yeux à jamais clos,
J'ai échoué quand retournant mes trémolos
Vers toi, tu disparus. Éternellement vide
Ta main loin de la mienne errera chrysalide.
Et moi devenu ver sur la terre des hommes
Je te couvre de voyelles et de consonnes
Sans jamais plus te voir, orphelin de tes yeux,
Toi la parfaite épouse arrachée par les dieux.