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L'univers de Sébastien Bonmarchand !

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"Courir" de Echenoz

Publié par Séb sur 18 Novembre 2008, 14:14pm

Je viens de terminer la lecture du dernier livre - je n'ose pas écrire "roman" - de Jean Echenoz, celui que je suppose être mon auteur favori depuis que j'ai rédigé mon mémoire sur son côté bohème ; favori, surtout faute de mieux, en vérité.
Non que j'ai l'habitude de brûler les idoles d'hier, mais je dois reconnaitre que je ne trouve plus que par bribes beaucoup trop rares la truculence de la plume jadis admirée. Dans "Je m'en vais" et "Au Piano", j'avais été tourneboulé par l'omniprésence, presque ostentatoire et blessante pour les autres auteurs, d'un talent à mes yeux unique. Cette vivacité de la vision littéraire, cette maitrise de la phrase, ce suspens mordant et, surtout, cette lucidité froide quant à la vie, la mort, l'amour - vous savez toutes ces conneries qui nous ravissent l'esprit du soir au matin -tout cela m'avaient enthousiasmé.
Lorsque j'avais eu l'occasion de lui poser quelques questions, lors d'une conférence, je lui avais demandé deux choses. Primo, sait-il à l'avance tout ce qu'il va écrire ou "découvre"-t-il à la manière d'un Ionesco son propre texte ? Réponse dogmatique (cette connaissance certaine, d'ailleurs, de la mécanique romanesque m'avait fortement surpris) : Oui, je sais tout, un écrivain doit tout savoir. Bon, ok.
Secundo : A part la tape amicale et le fameux "continue toujours d'écrire garçon", quel conseil donneriez-vous à une personne désirant prendre votre place dans les 20 ans à venir ?
Réponse souriante : Eh bien, de toujours avoir à l'esprit ces trois unités : la phrase, le paragraphe et le chapitre.

J'ai tenté de faire mien ce conseil, au travers des Ailes de Zélie, ce roman que je trouve toujours plus pourri à mesure que le temps passe alors qu'il fut ma fierté durant des mois et des mois et qu'il me laissa imaginer - fou que je suis - que je pouvais réellement devenir écrivain.

Puis j'ai lu ces deux derniers ouvrages : "
Ravel" il y a moins de deux ans et donc aujourd'hui "Courir", cette biographie romancée d'Emile Zatopek.
Que dire ? Si ce n'est que je ne suis plus fan, tout simplement. Si je veux m'intéresser à des personnages historiques, je ne pense pas devoir me tourner vers un écrivain, je fais confiance aux historiens, chacun son boulot. Un écrivain est là pour, à mon sens, créer ex nihilo - IMAGINER ! - ou à partir de bribes de sa propre vie qu'il scénarise. Avant de lire ces deux ouvrages, j'étais parti du postulat que, pour Echenoz, ce choix de personnes connues pour personnages était le signe du déclin. Sa force créatrice le quittait-elle ? Le vertige né du succès du Goncourt, qu'entre les lignes de Au Piano j'avais senti poindre, était-il à ce point présent dans la tête de mon auteur favori ? Le côté plaisant - j'insiste sur ce point - de la prose de "Ravel" n'avait pas du tout effacé de mon esprit ce postulat, surtout quand je pensais au vide sidéral du scénario. Bien loin, à des années lumières, de la fulgurance, des lignes cosmopolites des précédents romans, comme l'Equipée malaise, par exemple.
Puis avec "Courir", la sensation s'est confirmée en certitude : soit il subit le déclin, soit il le choisit comme dans cette nouvelle de Buzzati, dans le K, intitulée "le Secret de l'écrivain".
Zéro scénar, se reposer sur un syle plus ou moins relâché, qui lui a assuré le succès, et meubler par de menues scénes très travaillées - comme celle ou la femme d'Emile est mise sur écoute par la Sécurité d'Etat de Tchécoslovaquie - les blancs laissés par la recherches historiques, voilà la recette.
Mais un personnage sans consistance, qui subit les événements sans jamais songer à seulement influer sur eux, qu'il gagne ou qu'il perde, qu'il soit adulé ou au fond d'une mine...  En un mot, c'est navrant d'utiliser un personnage historique de premier plan pour simplement en faire un pantin déshumanisé....

Je suis en train de lire "Ennemis publics", de Houellebecq et BHL, c'est d'un tout autre talent !

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G
Echenoz, c'est extrèmement surfait.
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S
<br /> C'est à dire, précisément?<br /> <br /> <br />

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