Voici les premières lignes de ce qui était une nouvelle et qui va devenir un roman d'ici quelques temps. J'attends vos coms ! Et ceux qui le désirent, je peux leur envoyer par mail la première partie, afin de recevoir des avis constructifs...
Le juge me demande si j’ai quelque chose à ajouter.
Evidemment ! Evidemment que j’aurais des choses petites, moyennes, grandes, à ajouter, réajuster, dévoiler !... Mais non, je n’en ferai rien car ç’en serait fini de mon espoir de perpétuité. Non, je ne peux pas parler, surtout pas maintenant, moi qui me suis contenté de reconnaître les faits, humblement, et de laisser à mon commis le soin de me faire condamner d’office, lourdement. Rapides témoignages, admirable réquisitoire, satanée plaidoirie, et me voilà. On me demande de parler. Non ! Et puis on me regarderait bizarrement.
Le sourcil droit du juge se dresse un instant et lui fait désigner le banc de la partie civile. Pas un mot pour eux ? Pour cette famille frappée par un malheur apparemment gratuit dont vous seul (qui n’êtes pas irresponsable ! Ah ! Comme tout aurait été plus simple si vous l’aviez été !) oui vous seul ! êtes le responsable ! Pas un mot, vraiment ?
Je devrais moi aussi dresser un sourcil, même en signe d’indifférence. A quoi bon ? De toute manière, le mal est fait. Je devrais. Mais non, rien, je n’en ferai rien. Je prendrais le risque insensé de trop en faire et d’influencer les jurés. Non ! Ne vous apitoyez surtout pas, je suis un enculé de la pire espèce, mon silence vous le dit ! Condamnez-moi !
Oui ? Tiens, une voix. Intérieure. Comme le moteur d’une vieille berline qui viendrait violer le silence d’une campagne oubliée de tous. De plus en plus proche ! Non ! J’ai frémi ! M’ont-ils vu ? Des ombres sortent de la voiture et leurs yeux de cristal se plantent dans les miens tandis que des crocs de hyènes affamées, dix fois plus grosses qu’Hibiscus, font craquer les os de mes jambes et de mes bras ! Non ! Une goutte perle à mon front ! L’ont-ils vue ? Dévoré, je mange la poussière, entouré de ces ombres qui gardent les mains dans le dos. Puis elles me hurlent tandis que mes organes passent de gueule en gueule : « Regarde salopard ! Regarde ce que tu as fait ! » Les ont-ils entendues ?