L'intrigue se déroulerait en Suisse, aux pieds des pistes enneigées. Les remontées mécaniques tourneraient à plein régime ; le vent, glacial, fouetterait les écharpes masquant les lunettes des gamins. Un vieux monsieur, en fauteuil, aurait pris place devant la grande baie vitrée du hall de son hôtel. Une jeune femme passerait négligemment une main froide sur sa nuque et lui dirait, avec un ton de défiance, qu'elle en a pour la journée. Il acquiescerait sans bouger.
Il la suivrait du regard, sourire au moniteur, ajuster ses lunettes, se déhancher et disparaitre dans le brouillard.
Il s'appelerait Andrew Novak. Il serait américain, originaire de Russie, et aurait étudié aux Beaux Arts de Paris. Il serait mondialement connu, ses toiles se vendraient partout. Il ferait autorité. Elle, ce serait Isabelle, son épouse plus jeune d'au moins 40 ans. Elle l'aurait attiré dans ses mailles, et lui, Fontenelle moderne de la peinture, aurait succombé. Ils seraient mariés depuis 6 mois. Elle aimerait l'argent, l'apparat, les hôtels, mais ni lui ni la peinture. D'ailleurs, elle n'y connaîtrait rien. Sa seule richesse intérieure aurait consisté à être suffisamment futée, le temps de le séduire, de dire oui, et de signer le contrat de mariage concocté par ses soins.
Une fois dans sa suite, accompagné de l'ami et confident qu'il retrouve tous les ans, Andrew s'installerait devant son plan de travail. Il se souviendrait de sa Russie natale, du Paris soixante-huitard, songerait à sa jeune épouse... Puis, comme chaque année, il imaginerait, créerait, pendant trois semaines, les esquisses de ses toiles à venir. Obsédé par la "perte" de sa femme, son thème annuel serait l'abandon amoureux.
Lorsqu'il quitterait, en fin de journée, son univers, spartiate, il ne remarquerait pas Claire, une femme de chambre, se glisser dans son antre et examiner avec admiration les productions du jour. Fascinée, elle emporterait, presque par inadvertance, le croquis qui lui parlerait le plus. Elle aurait une cinquantaine d'années, une carrière d'artiste que seul le fond de ses tiroirs connaîtrait. Peut-être un enfant, soit mort, soit disparu.
On ne saurait pas où est parti Andrew pendant ce temps.
Le lendemain, Claire serait surprise de constater que la police a investi le hall d'entrée. A des journalistes avides d'informations sur l'hôtel et ses occupants, elle soutirerait celle selon laquelle la femme d'un célèbre peintre aurait été retrouvée morte, la gorge tranchée, au petit matin.
Elle verrait ensuite la police conduire Andrew vers le lieu d'interrogatoire, poursuivi par une meute de motos et de flashs. Il ne serait suspecté de rien, non, simplement écouté en sa qualité de mari de la victime.
Il regagnerait l'hôtel le soir-même, blême comme un mort.
Claire se sentirait proche de ce vieillard.
Elle retrouverait, en boule au fond de sa poche, le croquis.
Elle aurait alors une idée pour lui redonner goût à la vie.
Elle photocopierait le projet et l'agrandirait. Elle découperait ensuite des morceaux qu'elle placerait à des endroits empruntés par Andrew. Elle y inscrierait ses interrogations artistiques en toutes lettres.
Pourquoi créer ?
Pourquoi vous ?
Et la vie ?
Vivre sans ?
etc...
Andrew répondrait en dessins. Il serait victime d'une frénésie créative. Ses amis, prenant de ses nouvelles après le meurtre de sa femme, il ne leur répondrait plus.
Il afficherait ses créations aux mêmes endroits que Claire.
Mais l'enquête sur la mort de sa femme se poursuivrait. Il deviendrait suspect. On l'accuserait d'avoir commandité le meurtre, après avoir découvert le contrat de mariage.
Obsédé par sa correspondance mystérieuse, il se défendrait très mal. Il faudrait une intervention extérieure pour mener au coupable (suspens, je ne dis pas tout !).
Juste avant son départ de l'hôtel, il signerait une exposition exceptionnelle. Il présenterait la correspondance entière. Il espérerait découvrir son interlocuteur ou interlocutrice.
Claire apparaîtrait , une toile sous la main.
Elle aurait reproduit l'esquisse et lui offrirait.
Dernière phrase :
- On se connait, non ?
Je sais, les grandes lignes sont pourries, mais bon... je n'ai pas dit COMMENT j'allais les écrire, les petites, qui feront un grand quelque chose...
Grandes lignes d'un peut-être quelque chose à venir...
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