Ce poème, vieux de 6 ans et qui est l'un de mes préférés, m'a été inspiré par la fin tragique et romanesque du Général Boulanger le 30 septembre 1891.
L’Amoureuse abandonnée
Les cheveux gondolés par la pluie de minuit,
La jeune fille allait, sur le cœur une rose.
Son pas triste et léger sur l’herbe où l’air se pose
Fit briller le lichen sur ces statues de suie.
La Lune en silence s’enfuyait et pleurait,
Assombrissant l’enfant et le cimetière.
De sa peau brune et pâle, elle embrassait les bières.
Au loin, le coq stagnait ; les nuages chantaient.
La jeune fille allait, la main close et l’œil sourd.
Les pans noirs de sa robe allongeaient des sourires
Froids et indifférents en un cortège lourd.
Les pierres à ses pieds égrenaient des soupirs.
La jeune fille allait. Enfin, elle arriva.
Le tombeau de Mausole avait moins de beautés.
Une fleur se fanait ; la nuit l’enrubanna.
Là dormait le plus doux des plus doux des aimés.
L’amoureuse accroupie dessina sur le marbre
Un bouquet lacrymal de roses et de larmes.
Silencieux tout autour, s’agenouillaient les arbres,
Comme des généraux faisant tomber leurs armes.
Elle embrassa la dalle et se signa muette.
Elle inspira son rêve et referma les yeux
Sur le monde et la nuit, comme un feu sur les Crêtes.
Sa tempe scintilla de rouge ; elle vit Dieu.