Le verre et le vers
Certains boivent pour oublier
Les jours qui les ont minés ;
Moi j'écris pour retenir
Mes secondes qui ne cessent de fuir.
Dans les vagues vagues qui reviennent
Et se déversent sans peine
Se mirent des amours anciennes.
Dans les mots-maux que j'invente
Et qui hantent les nuits que j'enchante
Dansent mes amours naissantes.
Le verre abîme l'image,
Le vers a la cime des mages.
Le gouffre tend ses bras à celui qui le lève,
Le souffle rend ses pas à celui qui l'élève.
Si demain mes mots s'envolent,
Comme l'oiseau migrateur
Qui voit dans son nid une geôle,
Ne restera que le goût des pleurs.
- Mais ce liquide amer
Vaudra tous les amers !