Acouphène

France Gall, "Musique"

Acouphène

Une note ce soir est venue se poser

Sur mes lianes de voix, sur mes cordes de vie,

Ou blanche ou dièse ou croche ou noire ou mi ou ré ;

Ce matin clé de sol – clé des champs cette nuit.

Étrange partition qu'une note esseulée –

Entêtant saltimbanque en mon crâne implorant,

Ou alors gros tambour avec son régiment –

Tombée là sur ma tête en sa lourde portée.

Elle frappe ou bondit au contact de ses lignes !

Frénétique ! On dirait d'elle au milieu des vignes :

« Ce raisin a un grain ! Il s'agite sans grappe ! »

Mais je souffre et mon ouïe se la joue au ball-trap.

Va, va, va, oui va loin ! Les oiseaux et leurs chants

Tout là-haut sur leurs fils n'attendent que ta gamme

Pour offrir son futur récital au printemps !

Fuis mon oreille et va dans cet air qui t'acclame !