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L'univers de Sébastien Bonmarchand !

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Conte : L'éléphant vert

Publié par Sébastien Bonmarchand sur 28 Août 2018, 08:50am

Catégories : #contes pour enfants

Mon intervention lors du festival (1ère partie)

J'ai écrit ce conte à l'occasion de ma participation au Festival "Un Bout d'jardin" qui s'est déroulé à la Maison du Père Hilarion, à Montauville (54), au beau milieu de la forêt du Bois le Prêtre.

L'éléphant vert

 

    Dans cette forêt magique du Bois le Prêtre vit un éléphant. Il s'appelle Verdi, comme le compositeur italien, vous connaissez ? S'il s'appelle Verdi, ce n'est pas parce que ses parents aiment particulièrement la musique classique, mais parce qu'il est... tout vert, vert comme les costumes des arbres au printemps.

    Sa couleur, vous savez, le rend très malheureux car il sait qu'il est le seul de son espèce à être vert. Ses parents étaient gris, comme tous les éléphants du monde, mais lui est né vert et il est resté vert. Sans comprendre pourquoi.

    Il a beau observer son reflet dans les beaux yeux des biches ou dans l'éclat argenté de la fontaine du Père Hilarion, il est vert. Vert de la trompe jusqu'au bout de ses pattes immenses. Vert, vert, vert.

    L'avantage, c'est qu'on ne le voit que très difficilement. Il est comme caché malgré lui. Aucun chasseur ni aucun prédateur n'a jamais réussi à l'attraper. C'est normal, il est vert, personne ne le voit.

    Pour le consoler, ses amis lui ont dit que certaines personnes voyaient parfois des éléphants roses mais il sait que ce ne sont que des histoires de gens trop fatigués pour voir les éléphants gris.

    Un jour, il a entendu un homme évoquer un éléphant bleu. Il aurait bien voulu le rencontrer mais quand il a compris que cet éléphant bleu vivait en ville, à Pont à Mousson, et qu'il fallait traverser toute la circulation automobile, il a eu très peur de déranger tout le monde et il a préféré rester caché dans la forêt.

     

    Depuis que ses parents ont rejoint le cimetière des éléphants, quelque part là-haut, derrière ces arbres centenaires, Verdi vit seul.

    Les journées sont parfois un peu longues mais il aime se désaltérer dans le ruisseau qui court jusque Montauville. Il y plonge sa longue trompe verte et, souvent, quelques petits oiseaux en profitent pour venir devant lui et réclamer une douche bien fraîche. Ils se placent en vol stationnaire bien en face de Verdi et ils attendent que notre grand éléphant vert déverse sur eux l'eau qu'il détient dans sa trompe. C'est alors une mélodie de rires, une symphonie d'ailes qui éclaboussent les feuilles des arbres. C'est un petit rayon de bonheur dans cette forêt silencieuse et mystérieuse.

     

    Toutefois, ces petits moments de joie n'effacent pas la tristesse que Verdi éprouve chaque jour.

    Il aimerait tant ne pas être vert ! C'est déjà tellement dur d'être le seul éléphant du département !

     

    Verdi, lui, ce qu'il aime particulièrement, c'est la nuit. Vous devinez pour quelle raison ?

    Il faut le comprendre, l'avantage avec la nuit, comme on dit, c'est que tous les chats sont... gris.

    Eh bien, figurez-vous qu'il en est de même pour les éléphants verts. La nuit, ils paraissent gris !

    C'est pour cela que Verdi aime tant la nuit.

    Il y a quelques semaines, alors qu'il se déhanchait entre les troncs dans cette forêt du Père Hilarion, la lune brillait déjà haut dans le ciel. C'était une date où elle était entière. Après des nuits et des nuits à se faire prier, elle semblait enfin fière d'offrir aux animaux une lumière capable de les aider à se déplacer.

    Alors qu'il se promenait, il entendit une toute petite voix dans les hautes herbes. Quelqu'un semblait pleurer. Verdi dressa sa trompe, tourna sa grosse tête à droite, à gauche mais... ne vit rien.

    - Où es-tu, petit animal qui sembles si triste ? murmura-t-il.

    Les sanglots cessèrent aussitôt. En revanche, notre éléphant vert entendit des déplacements rapides et il vit les hautes herbes se balancer de droite et de gauche.

    Et puis il la vit. C'était une petite grenouille. Une rainette. Enfin, dans la nuit, c'est ce que se dit Verdi. La petite grenouille sauta sur un tronc allongé et comme pour s'excuser de le déranger dans son sommeil, elle posa sa tête délicatement sur lui.

    - Tu pleures, petite rainette ? demanda Verdi d'une voix toute douce.

    La grenouille se retourna lentement et leva ses yeux mouillés de larmes vers ce si grand pachyderme qui lui parlait si tendrement.

    - Oui, finit-elle par répondre. Je suis triste. J'ai quitté ma famille et je suis toute seule.

    Dans un geste plein d'amitié, Verdi tendit sa trompe vers la rainette et celle-ci, sans un mot, y grimpa. Elle fit des petits bonds sur ce si long chemin et vint se placer sur la tête de Verdi, au-dessus de ses deux yeux.

    - Voilà, dit Verdi, tu n'es plus seule, et moi non plus. Allons nous promener, tu vas me raconter pourquoi tu es si triste. Comment tu t'appelles ? ajouta-t-il en levant les yeux pour essayer de la distinguer sur sa tête.

    La rainette soupira tristement et répondit du bout des lèvres :

    - Grizi... Et c'est bien ça tout mon malheur !

    - Pourquoi ? s'étonna Verdi. Tu n'aimes pas ton prénom ?

    La grenouille préféra ne pas répondre et se contenta de demander à Verdi d'avancer dans la nuit.

    - Trouvons un endroit où dormir, tu comprendras demain par toi-même.

    Verdi marcha jusqu'à un endroit qu'il affectionnait particulièrement sur les hauteurs de la forêt. Il pouvait voir la maison du Père Hilarion en contrebas et, certaines nuits, les lumières qui s'échappaient des fenêtres ou le feu de camp que les humains allumaient lui permettaient de se sentir moins seul. Cette nuit-là, Verdi et sa nouvelle amie s'endormirent sans ajouter une parole. Verdi fut satisfait de constater que la rainette ne pleurait plus.

    Lorsque le soleil se leva, Verdi ouvrit et les yeux et s'apprêtait à sourire à cette petite amie bondissante, mais il ne la vit pas.

    Il entendit cependant de nouveau ses gémissements, quelque part dans les fourrés. Il s'approcha gentiment mais la grenouille lui dit, sans se montrer :

    - Non, non... ne me regarde pas... J'ai trop honte...

    Verdi ne put masquer sa surprise.

    - Mais de quoi as-tu honte ? dit-il enfin.

    La grenouille sortit timidement des fourrés et baissa la tête. La lumière du jour dévoila à Verdi la raison de la honte qu'elle ressentait : cette rainette si mignonne n'était pas verte comme les autres spécimens de son espèce mais... grise !

    - Tu comprends maintenant ? dit-elle en baissant toujours les yeux.

    Verdi en la découvrant connut une telle surprise qu'il ne put s'empêcher de rire comme jamais il n'avait ri de sa vie. En vérité, il ressentait un bonheur immense. Mais lorsque la grenouille entendit ce rire tonitruant de Verdi s'élever dans la forêt du Bois le Prêtre, elle crut qu'il se moquait d'elle et releva la tête rouge de colère.

    Elle comprit aussitôt la raison de ce rire et sa colère retomba comme une cascade d'eau qu'une immense main aurait retenue.

    - Tu veux dire que toi aussi... ?

    - Oui, répondit Verdi en retrouvant son calme, moi non plus je ne suis pas né avec la même couleur de peau que ceux de mon espèce. Toi, tu possèdes la couleur qui aurait dû être la mienne et moi... je suis vert comme ceux de ton espèce...

    - C'est comme si..., répondit Grizi, mais elle ne put finir sa phrase. L'émotion était trop forte.

    - Comme si on se complétait, peut-être ? tenta Verdi.

    - C'est ça, c'est comme si on se complétait, répéta Grizi.

    Et un joli sourire se posa sur son visage. Elle courut jusqu'à Verdi et grimpa de nouveau sur sa grosse tête d'éléphant.

    - J'ai un peu de gris sur moi maintenant, dit Verdi tout sourire. Et je t'offre tout mon vert !

    - Je l'accepte volontiers ! fit Grizi.

    - Où allons-nous maintenant ? demanda Verdi.

    Grizi réfléchit une seconde puis répondit qu'elle aimerait retrouver ses parents, ses frères et sœurs, et leur demander s'ils seraient d'accord pour qu'elle retourne vivre avec eux... Elle expliqua qu'elle était partie sur un coup de tête, trop malheureuse d'être différente mais que tous les membres de sa famille, qui étaient tous, eux, de couleur verte, lui manquaient terriblement. Verdi la conduisit donc jusqu'à eux et il pleura de joie lorsque cette famille de rainettes fut réunie. La différence de l'une d'elles ne comptait pas pour les autres. Ils s'aimaient tous d'un amour véritable et ils rappelèrent à Verdi cet amour qu'ils partageaient avec ses parents.

    Le père de Grizi remercia Verdi de leur avoir ramené leur fille chérie et lui proposa de rester avec eux.

    - Nous pourrions nous promener sur ton dos, ajouta Grizi. Tu aurais juste un peu plus de vert sur la tête !

    Tous rirent de bon cœur et Verdi marcha dans la forêt du Bois le Prêtre avec toute une famille de rainettes sur la tête qui constituaient pour lui autant de nouveaux amis.

    Mon intervention lors du festival (seconde partie)

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