Puis hier
Tout doux ô passé scintillant.
De peur que tu ne m'affliges,
Attends que je te fige
Dans mes vers filants.
Dans nos incendies quotidiens
Le Beau, le Noble et la Magie
Périssent comme des chiens.
Seul demeure l'Ennui.
Et pourtant des braises parfois,
Vitalités d'autrefois,
Jaillissent à nos yeux éteints
Comme d'une cacophonie un dessin.
Ô improbables beautés éparses
Que ma fille sur ma vie trace,
Restez ! Demeurez inchangées
Au firmament de mes joies renouvelées !
Une note inattendue
Des profondeurs des nues
Maternelles nous présenta –
Coup unique et fatal qui m'attacha !
Les sirènes alentours cessèrent
Leurs chants inutiles.
Un mot des profondeurs fertiles
Jaillit : Père.
Puis l'attente.
- Grains de sable à assembler
Monument à modeler –
Des courses la plus lente.
Puis le cri.
- Ultime aparté
Ou première idée ? -
Des musiques la plus bénie.
Puis le contact.
- ton doigt paille dans la tempête
sur mon doigt découvrant le tact -
Des rencontres la plus secrète.
Puis les nuits.
- Sauveteurs aux aguets
Nous fûmes au plus près.
Des missions la plus alanguie .
Puis le mot
Qui nous scella.
Tu le dis si tôt !
Papa papa papa !
Ô syllabes incandescentes
Nées au creux de jours
Où seul le Banal enfante
Soyez lovées dans chaque pourtour
De ma mémoire.
Voguez, nagez, fécondez
Chaque parcelle de ma cervelle
Comme la récompense de celle
Qui vous fit naître sans hésiter !
Puis hier.
Tout doux ô passé scintillant.
De peur que tu ne m'affliges,
Attends que je te fige
Dans mes vers filants.
Puis hier.
Ô hier
Ô hier
Ô hier
Magique et sévère
Ô hier
Ô hier
Ô hier
Qui te fit faire
Ô hier
Ô hier
Ô hier
tes premiers pas sans ton père !
A réécouter pour le plaisir poétique.